Jean-Marc Derouen est le scénariste de « Mylaidy a des soucis« .
A la veille de la sortie du nouvel album de Mylaidy – La Licorne, il revient sur la naissance de la petite sorcière.
Comment vous est venue l’idée de créer Mylaidy ?
Mylaidy est née du désir profond que j’avais de proposer aux enfants une série d’albums jeunesse qui soit porteuse de messages à visées sociales, de « sagesses ».
Elles permettent aux enfants de discuter avec les grands sur des situations de vie collective, ces sagesses n’étant pas des morales.
Je voulais que les enfants puissent porter un regard sur les problèmes fondamentaux du vivre ensemble.
J’avais donc un objectif philosophique à valeurs sociales, faire en sorte que chaque album parle d’un sujet qui concerne directement l’enfant et son rapport au monde, aux adultes (cf.* ci-dessous).
Je voulais que ces albums soient ludiques, simples, permettant un accès direct aux enfants à l’identification.
En prenant une sorcière qui faisait des bêtises, il y avait là un beau support, un contraste saisissant : la sorcière (semblant faire peur) et la bêtise (bien connue des enfants).
Qui est Mylaidy ?
Mylaidy est donc une petite sorcière qui a des soucis car elle agit toujours avant de penser.
Donc, elle fait des bêtises (comme les enfants qui agissent spontanément).
Mais après, elle réfléchit et le fait de réfléchir va lui permettre de grandir.
C’est une sorcière plutôt mignonne, qui ne fait pas peur aux enfants, entourée d’un chat souffre-douleur et d’une chauve-souris omniprésente mais effacée.
Elle est entière, impulsive, dynamique, joviale mais colérique, elle a 100 ans mais une âme d’enfant.
Elle a toujours envie de bien faire, de très bien faire même, de trop bien faire…
Elle a donc tous les traits de la petite enfance avec le côté positif d’une certaine innocence mais doublé d’un égocentrisme naturel avancé.
Pour toutes ces raisons, les enfants (et les adultes) l’aiment bien car elle porte naturellement en elle la contradiction entre le désir de réussir, de faire plaisir, de séduire et la difficulté d’atteindre son objectif de par le fondement même de son être.
Comment avez-vous rencontré le dessinateur Beno ?
Étant conteur professionnel, j’ai rencontré BenO par le biais d’une association d’illustrateurs de BD qui s’appelle « Chemin faisant ».
Nous avons commencé par mettre en place des animations « contes et illustrations », d’abord sur paperboard puis très vite en vidéo projection grâce à l’utilisation de sa tablette graphique.
De ces échanges sympathiques, nous est venu le désir de travailler ensemble sur une série d’albums jeunesse.
Lorsqu’il m’a présenté Mylaidy telle que vous la connaissez, j’ai vraiment eu le coup de foudre.
Il y a dans ses illustrations, là aussi, quelque chose qui parle directement aux enfants.
Les albums, nous les concevons donc ensemble, en aller-retours permanents entre le texte et les illustrations, chacun se permettant de mettre son grain de sel dans la production de l’autre…
C’est très agréable de travailler ainsi en toute confiance et sérénité.
Quelles sont vos influences littéraires Jean-Marc Derouen ?
Mon univers est centré sur les récits des collecteurs d’histoires, de contes, de récits de vie avec une passion pour Anatole Le Braz et Claude Seignolle qui sont à mes yeux, des collecteurs-écrivains-poètes d’une sensibilité remarquable.
De par mon métier de conteur, je lis beaucoup d’ouvrages centrés sur les récits de vie des « petites gens », sur leurs difficultés d’exister face au monde des puissants, face à la dureté de la vie, aux éléments de la nature.
Je lis également des ouvrages sur les mondes parallèles, les petits peuples, les légendes Arthuriennes. J’aime lire des nouvelles.
Quelles sont vos futures actualités Jean-Marc Derouen ?
En dehors des spectacles de contes, je suis en train de travailler sur un futur CD des aventures de Mylaidy.
Une mise en espace sonore de la petite sorcière, CD qui reprendra les histoires existantes et qui les complètera par l’apport de chansons et autres petites péripéties telles que les « Réflexions spontanées de Mylaidy », sorte de « brèves de comptoir » de la petite sorcière. Ça promet !
Quel message pourriez-vous passer aux jeunes auteurs ?
Je ne sais pas !
Lorsque j’étais jeune auteur je n’ai jamais réussi à faire éditer mes histoires !
Il a fallu que je devienne vieux pour que je sois édité « à l’insu de mon plein gré » en quelque sorte !
Je n’ai pas envie de leur dire de devenir vieux !
La seule chose que je puisse affirmer c’est qu’il est important d’aller au bout de ses rêves.
Ça prendra le temps qu’il faudra, ça peut arriver tout de suite, ou comme moi, plus tard.
L’essentiel c’est de ne rien lâcher lorsqu’on a le désir de créer.